Un éclaircissement biblique sur l’euthanasie
La question sur la légalisation du droit à l’euthanasie ne date pas d’hier. Aujourd’hui, la situation de Vincent Lambert ne fait que relancer le débat. En 2008, suite à un accident de la route, ce dernier s’est d’abord retrouvé dans un coma profond. Il est actuellement « dans un état pauci-relationnel (état de conscience minimale) qui permet une certaine interaction avec l’environnement par la vue notamment, sans pour autant […] être sûr qu’il intègre correctement les informations sensorielles». Début 2013, l’équipe de soins palliatifs du CHU de Reims pense discerner des comportements d’opposition vis à vis des soins prodigués. La question est alors soulevée : Vincent désire-t-il vivre ? L’équipe médicale, en accord avec l’épouse et une partie de la famille, stoppe alors le seul traitement accordé à Vincent : la nutrition artificielle. Mais les parents de Vincent s’opposèrent à cette décision et le tribunal décida que les soins devaient être rétablis. Cette histoire emmène les français à s’interroger : Ne faut-il pas reconsidérer les lois en vigueur? Rappelons que dans son programme électoral, le président François Hollande annonçait : « Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » (Engagement 21). Cette mesure semble être en adéquation avec la pensée des français. En effet, selon un sondage IFOP réalisé en octobre 2013, 92% d’entre eux étaient favorables à l’euthanasie pour les personnes qui en feraient la demande et qui souffriraient de maladies insupportables et incurables. Devons nous nous attendre à la mort ou devons nous la provoquer ? Au travers de cet article, nous verrons plus en détail l’origine et l’évolution de cette pratique. Puis nous conclurons en apportant un éclaircissement biblique.
ORIGINES DU TERME
Le terme euthanasie vient du grec « eu thanatos » qui signifie « bonne mort, mort douce et sans souffrance ». Dans un texte du poète grec Posidippe (310-240 av. J.-C.), il est question de mort douce :
« De tout ce que l’homme désire obtenir, il ne désire rien de mieux qu’une mort douce ». Au IIIème siècle avant J.-C., les stoïciens parlaient de l’euthanasie comme une mort digne, dans la maîtrise de soi.
Le philosophe Philon d’Alexandrie (~20 – ~ 45), dans De sacrificiis Abelis et Caini dira : « Qui donc ignore qu’une belle vieillesse et une belle mort sont les plus grands biens de l’homme, alors que la nature n’a part ni à l’une ni à l’autre puisqu’elle ne connaît ni la vieillesse ni la mort ». L’historien romain Suétone (~ 69 apr. J.-C.) dans son ouvrage La Vie des douze césars, écrira à propos de l’empereur Auguste (63 av. J.-C. – 14) : « La mort que le sort lui accorda était douce, et telle qu’il l’avait toujours désirée : car, toutes les fois qu’il entendait dire que quelqu’un était mort rapidement et sans souffrance, il demandait aux dieux, pour lui et les siens, une semblable euthanasie ». Nous comprenons donc qu’à l’origine il n’était nullement question de donner la mort à autrui mais l’euthanasie désignait une notion de vécu, de profit quant aux derniers instants de vie…
Toutefois, le terme euthanasie semble avoir été inventé par le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626) dans l’un de ses écrits de 1605: « J’estime que c’est la tâche du médecin non seulement de faire retrouver la santé, mais encore d’atténuer la souffrance et les douleurs. Et ce, non seulement quand un tel adoucissement est propice à la guérison, mais aussi quand il peut aider à trépasser paisiblement et facilement. Car ce n’était pas une petite grâce que l’empereur Auguste souhait toujours pour lui même, quand il espérait cette euthanasia [mort douce] [...]. Or les médecins, au rebours de cette idée, se font scrupule de rester auprès de leur patient après que la maladie ait été jugée désespérée; ils se l’interdisent de manière quasi religieuse. A mon sens, ils devraient au contraire à la fois perfectionner leur art et apporter du secours pour faciliter et adoucir l’agonie et les souffrances de la mort ». C’est à la fin du XIXème siècle, que le terme va désigner l’acte d’un médecin provoquant la mort d’un malade incurable pour abréger ses souffrances.
LES DIFFÉRENTS TYPES D’EUTHANASIES
On peut distinguer deux types d’euthanasies.
D’une part l’euthanasie active. Celle-ci est considérée comme un acte volontaire d’une tierce personne administrant une substance létale afin de provoquer une mort immédiate.
D’autre part l’euthanasie passive ou le « laisser mourir ». Celle-ci consiste à arrêter les traitements thérapeutiques sur demande du patient. Il peut aussi demander l’administration de substances pour palier à sa douleur même si ces dernières peuvent avoir pour conséquence d’accélérer sa mort. Elle peut être considérée comme :
- Volontaire : le patient est conscient et demande le droit de mourir.
- Involontaire : lorsque la volonté du patient n’est pas émise (incapacité à répondre, patient non consulté…) ou bien lorsqu’un traitement est suspendu. Dans ce cas, on parle de refus d’acharnement thérapeutique. L’acharnement thérapeutique désigne le maintien en vie artificiel d’un patient pour lequel il n’y a aucun espoir d’amélioration ou de stabilisation.
PRATIQUES ANCESTRALES
L’euthanasie a souvent été assimilée à de l’eugénisme.
Platon (~ 427 av. J.-C.- ~348 av. J.-C.) dans son ouvrage La République, préconisait « Que les sujets d’élite de l’un et l’autre sexe s’accouplent le plus souvent possible, et les sujets inférieurs le plus rarement possible; il faut de plus élever les enfants des premiers, non ceux des seconds [...] Pour les enfants des hommes inférieurs et pour ceux des autres qui seraient venus au monde avec quelque difformité, ils les cacheront, comme il convient, dans un endroit secret et dérobé aux regards ».
Puis dans un autre passage : « Ainsi donc tu établiras dans l’Etat une médecine telle que nous l’avons définie, avec une judicature formée comme je l’ai dit, pour s’occuper des citoyens qui sont bien constitués de corps et d’âme; quant aux autres, on laissera mourir ceux dont le corps est mal constitué, et les citoyens feront périr eux-mêmes ceux qui ont l’âme naturellement perverse et incorrigible ».
Au Moyen Age, le « maillet béni » aurait servi à fracasser le crâne des vieillards afin d’abréger leur souffrance. Cette pratique semble être liée à la divinité gauloise Sucellus. Son attribut principal étant le maillet. Sucellus signifie « qui frappe bien » et serait le dieu de la « bonne mort ».
En 1515, Thomas More (1478-1535) écrira dans l’Utopie : « Les malheureux affligés de maux incurables reçoivent toutes les consolations, toutes les assiduités, tous les soulagements moraux et physiques capables de leur rendre la vie supportable. Mais, lorsque à ces maux incurables se joignent d’atroces souffrances, que rien ne peut suspendre ou adoucir, les prêtres ; et les magistrats se présentent au patient, et lui apportent l’exhortation suprême. Ils lui représentent qu’il est dépouillé des biens et des fonctions de la vie ; qu’il ne fait que survivre à sa propre mort, en demeurant ainsi à charge à soi-même et aux autres. Ils l’engagent à ne pas nourrir plus longtemps le mal qui le dévore, et à mourir avec résolution, puisque l’existence n’est pour lui qu’une affreuse torture.
« Ayez bon espoir », lui disent-ils, brisez les chaînes qui vous étreignent et sortez vous-même du cachot de la vie ; ou du moins consentez à ce que d’autres vous en délivrent. Votre mort n’est pas un refus impie des bienfaits de l’existence, c’est le terme d’un cruel supplice ». Obéir, dans ce cas, à la voix des prêtres interprètes de la divinité, c’est faire une œuvre religieuse et sainte. Ceux qui se laissent persuader mettent fin à leurs jours par l’abstinence volontaire, ou bien on les endort au moyen d’un narcotique mortel, et ils meurent sans s’en apercevoir ».
Sous Hitler, l’euthanasie désignait l’extermination systématique des personnes handicapées (déficiences, anomalies physiques ou mentales). En 1939, le dictateur mit en place un programme d’euthanasie nommée le « T4 » en référence à l’adresse du bureau de coordination du programme (Tiergartenstrasse 4). Six chambres de gazage furent installées où du monoxyde de carbone pur fut diffusé.
« Pendant la phase initiale des opérations, de 1939 à 1941, environ 70 000 personnes furent tuées dans le cadre du Programme d’euthanasie. Lors des débats du Tribunal militaire international à Nuremberg (1945-1946), on estima que le nombre total des victimes atteignit 275 000 personnes. ».
En 1941, Hitler dut arrêter le programme d’euthanasie en raison des protestations publiques. Mais les exterminations se poursuivirent en secret dès 1942. Cette fois-ci par injection mortelle ou surdosage de drogue.
QUE DIT LA LOI FRANÇAISE ?
En France, l’euthanasie active est considérée comme un homicide. «Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende. En cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75000 euros d’amende » Article 221-6 du Code Pénal.
Toutefois, l’euthanasie passive est autorisée selon la loi n° 2005-370, dite de « Leonetti », datant du 22 avril 2005. « Ces actes ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris. Dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. » Article 1.
« Si le médecin constate qu’il ne peut soulager la souffrance d’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qu’en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie, il doit en informer le malade, sans préjudice des dispositions du quatrième alinéa de l’article L. 1111-2, la personne de confiance visée à l’article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un des proches. La procédure suivie est inscrite dans le dossier médical. » Article 2.
L’article 38 du code de déontologie médicale précise : « Le médecin doit accompagner le mourant jusqu’à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d’une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort ».
QUELQUES PROCÈS EN FRANCE
La loi Leonetti résulte d’un long débat suite à la mort de Vincent Humbert (1981-2003). En septembre 2000, le jeune homme alors âgé d’une vingtaine d’années, fut victime d’un accident de la route. Tétraplégique, il perdit aussi la vue et devint muet mais conserva toutefois ses facultés intellectuelles.
Il rédigea une lettre au président Jacques Chirac dans laquelle il demanda le droit de mourir : « Vous avez le droit de grâce, moi je vous demande celui de mourir ». Ne pouvant se rendre dans les pays qui autorisent l’euthanasie, la mère du jeune homme décida d’aider son fils. Le 23 septembre 2003, Marie Humbert lui administra une importante dose de pentobarbital de sodium. Vincent tomba dans un profond coma sans toutefois mourir. Trois jours plus tard, le docteur Frédéric Chaussoy lui injecta une dose mortelle de chlorure de potassium. Dans cette affaire, la mère et le docteur bénéficieront d’un non-lieu.
En 2008, c’est Chantal Sébure (1955-2008), qui demandait au Tribunal de Dijon le droit d’être euthanasiée. Une première en France. Atteinte et défigurée par une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale, elle ne supportait plus les souffrances liées à cette maladie orpheline et incurable. « En 2000, j’ai perdu l’odorat et le gout, puis la tumeur a évolué et mangé les mâchoires, avant de s’attaquer aux orbites des yeux. J’ai perdu la vue en octobre 2007, le tout dans des douleurs atroces qui peuvent durer quatre heures … Aujourd’hui, je n’en peux tout simplement plus, ma situation se dégrade de jour en jour, la souffrance est atroce. Je me sens littéralement mangée par la douleur ».
Elle aussi écrivit une lettre au président de l’époque, Nicolas Sarkozy. Toutefois, sa demande fut rejetée par la justice française. Deux jours plus tard, elle était retrouvée morte à son domicile de Plombières-les-Dijon. Son autopsie a révélé qu’elle était décédée des suites de l’absorption d’une dose de barbiturique.
«Le Pentobarbital n’est pas commercialisé pour un usage humain en France mais comme médicament vétérinaire. En Belgique et en Suisse, il est utilisé dans des cas de suicide assisté ».
En 2003, le médecin Laurence Tramois et l’infirmière Chantal Chanel ont pratiqué une euthanasie à l’hôpital de Saint-Astier. Leur patiente, Paulette Druais, âgée de 65 ans, souffrait d’un cancer du pancréas en phase terminale. Les deux jeunes femmes ont été poursuivies pour empoisonnement et complicité d’empoissonnement. Laurence a reconnu avoir prescrit une dose de chlorure de potassium létale que Chantal aurait administré. Il est à noter que Paulette Druais était la belle mère de la sœur cadette de Laurence. Le contexte de « pression psychologique, familiale et sentimentale » a été mis en avant, permettant d’expliquer pourquoi « le jugement et la réflexion professionnels du médecin et de l’infirmière ont été faussés ». Paulette n’avait jamais émis le souhait de mourir. Laurence a agi pour « préserver la dignité de la malade ». Elle a été condamnée à un an d’emprisonnement. L’infirmière, quant à elle, a été acquittée.
L’EUTHANASIE ACTIVE EN EUROPE
Les pays bas
En 2001, les Pays Bas sont devenus le premier pays à légaliser l’euthanasie active. Près de quatre mille personnes y ont eu recours en 2012.
La procédure est légale lorsque le médecin:
- Est convaincu de la détermination du patient, résultant d’une décision claire et réfléchie.
- Lorsque les souffrances du patient se révèlent être sans amélioration.
- Lorsqu’il a informé le patient de son état et des perspectives.
- Il doit s’assurer qu’il n’y a point d’autre solution envisageable.
- Le patient doit consulter un autre médecin pour attester la véracité du dossier médical.
- La pratique de l’interruption de la vie doit être réalisée avec toute la rigueur médicale requise.
Concernant les mineurs, le médecin peut pratiquer une euthanasie, à condition que ses parents :
- soient associés à sa prise de décision lorsque le mineur a entre seize et dix-huit ans
- consentent à sa décision lorsqu’il a entre douze et seize ans.
Pour les patients de seize ans et plus, qui sont en incapacité d’exprimer une volonté, il est possible qu’ils expriment une demande anticipée. Avant que leur état n’empire, leur volonté peut être consignée par écrit et fera foi.
Notez tout de même « l’ironie du sort » : Els Borst (1932-2014) a été ministre de la Santé et vice-Premier ministre des Pays-Bas de 1994 à 2002. C’est sous son mandat que l’euthanasie fut légalisée. Elle qui prônait une mort douce, est décédée il y a quelques jours d’une mort violente. Il semblerait qu’elle ait été assassinée par un cambrioleur qui se serait introduit à son domicile.
| *Source: L’Association pour le Droit de Mourir pour la Dignité Belgique La Belgique est devenue le deuxième pays au monde à dépénaliser l’euthanasie en 2002. Depuis février 2014, elle est le premier pays à légaliser l’euthanasie sans conditions d’âge, notamment pour les mineurs souffrant de façon insupportable des suites de maladies incurables. Toutefois, les deux parents devront donner leur accord. Il semble pourtant bien difficile de croire qu’un enfant demande de lui même la mort, sauf si cette idée lui est insufflée par une tierce personne. En tous les cas, un enfant est-il réellement capable d’intégrer le concept irréversible de la mort ? Pour être euthanasié le patient doit : - Etre conscient. - Formuler sa demande de façon réfléchie et sans contrainte. |
- Il doit se trouver dans une situation dite « sans issue », souffrant physiquement et psychiquement. Tout cela dans le contexte d’une pathologie grave et incurable.
- Si le patient est en phase terminale, sa demande doit être écrite, datée et signée. S’il est en incapacité physique, il pourra choisir une personne majeure pour le faire.
Le médecin doit quant à lui:
- S’entretenir avec le patient afin d’évoquer son état de santé, les autres possibilités, les conséquences…
- Il doit s’assurer de la pleine conviction du patient.
- Plusieurs entretiens sont nécessaires avec le patient à différents délais.
- Le médecin doit consulter un autre médecin, spécialiste de la pathologie concernée, qui devra rédiger un rapport sur l’état de santé.
- Si le patient n’est pas en phase terminale, un deuxième médecin devra être consulté, psychiatre ou spécialiste de la pathologie concernée, qui rédigera un rapport
attestant des caractéristiques légales.
- Il doit remplir un document qu’il doit transmettre à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation dans les quatre jours qui suivent l’euthanasie.
La commission est composée de huit docteurs en médecine dont quatre professeurs, de quatre juristes, de quatre membres « issus des milieux chargés de la problématique des patients atteints d’une maladie incurable ». Les seize membres sont chargés de contrôler que les procédures légales sont respectées. Ils peuvent ainsi avoir accès à tous les documents liés aux consultations antérieurs regroupés dans le dossier médical du patient.
| * Source: L’Association pour le Droit de Mourir pour la Dignité Luxembourg En mars 2009, le Luxembourg a légalisé l’euthanasie et le suicide assisté. « Pour l’application de la présente loi, il y a lieu d’entendre par euthanasie l’acte, pratiqué par un médecin, qui met intentionnellement fin à la vie d’une personne à la demande expresse et volontaire de celle-ci. Par assistance au suicide il y a lieu d’entendre le fait qu’un médecin aide intentionnellement une autre personne à se suicider ou procure à une autre personne les moyens à cet effet, ceci à la demande expresse et volontaire de celle-ci ». |
Article 1er.
Bien évidemment, des conditions de forme doivent être respectées :
- Le patient doit être majeur et conscient.
- La demande doit résulter d’un choix volontaire et réfléchi.
Le patient doit se retrouver dans un état de souffrance physique ou psychique considéré comme « sans issue ».
- Toute demande doit être consignée par écrit.
Si le patient est dans une impossibilité physique, une personne majeure de son choix peut rédiger et signer ses dispositions de fin de vie à sa place.
Le médecin doit quant à lui :
- Informer le patient sur son état de santé et évoquer avec lui les autres alternatives possibles. Les entretiens sont consignés par écrit.
- Il doit s’assurer de la souffrance et de la claire volonté du patient.
- Le patient doit consulter un autre médecin pour s’assurer du dossier médical.
- Le médecin peut s’entretenir avec l’équipe soignante ou des proches du patient.
- S’informer auprès de la Commissions Nationale de Contrôle et d’Evaluation, que le patient est bien enregistré quant à ses dispositions de fin de vie.
LA SUISSE ET LE SUICIDE MÉDICALEMENT ASSISTÉ
En Suisse, l’assistance au suicide est autorisée tant qu’elle ne déroge pas à cette seule condition : « Celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni de la réclusion pour cinq ans au plus ou de l’emprisonnement » Article 115 du Code pénal.
Le suicide médicalement assisté consiste à ce qu’une tierce personne donne au patient les moyens de se suicider. Ce dernier prend de lui même la dose mortelle. La demande doit faire l’objet d’une demande sérieuse et réfléchie. Le patient doit faire preuve d’une maladie incurable et souffrir physiquement et psychiquement, sans perspective d’amélioration.
En Suisse, des associations aident les patients au suicide.
Exit Suisse Romande et Exit Deutsche Schweiz s’occupent exclusivement des ressortissants suisses. Exit International et Dignitas traitent les dossiers des ressortissants étrangers.
Dignitas a pour devise « Vivre dignement, mourir dignement ». L’association a été crée en 1998. En douze ans d’existence, l’association recensait 1.067 aides au suicide. Pour pouvoir bénéficier d’une aide au suicide, il faut préalablement devenir membre. Ensuite, il faut rédiger une demande expliquant la raison de ce choix. Dignitas désire également prendre connaissance des documents médicaux. Il faudra aussi, pour compléter le dossier, écrire un résumé de sa vie. Dignitas s’assure préalablement qu’il n’existe pas d’autres alternatives (séjour thérapeutique, traitement palliatif..). C’est un médecin, collaborateur de l’organisation, qui sera en charge de l’étude du dossier. Lorsque le médecin donne son accord, il désire tout de même rencontrer le patient à deux reprises. Après quoi, il pourra délivrer l’ordonnance de pentobarbital et une date pourra être fixée en essayant de respecter au mieux le souhait du patient.
Le patient est alors reçu dans des locaux où il est encadré par des « accompagnateurs ». Il peut s’y rendre en compagnie de ses proches. Les procédures sont réexpliquées et les derniers documents administratifs sont traités.
Un reportage a été consacré à l’association Dignitas dans lequel on nous présente, notamment, Michèle Causse (1936-2010). Ecrivain, militante féministe et lesbienne, elle était connue pour ses textes engagés contre le système patriarcal et l’inégalité des sexes. Traductrice de livres, elle a aussi enseigné dans différents pays du monde.
C’est le 29 juillet 2010, date de son anniversaire, qu’elle choisit de « dé/naître » (terme qu’elle a inventé) à Zurich en ayant recours au suicide médicalement assisté. Elle souffrait d’ostéoporose, de perte de vocabulaire et de mémoire. Ne tenant que très faiblement sur ses jambes, tout porte à croire que sa principale motivation était de finir sur une bonne image de sa vie et lui donner la forme qu’elle voulait. « Le sens de ma vie est fini » dira-t-elle. Pourtant, même si aucune amélioration ne semblait possible, Michèle Causse n’était nullement au stade terminal d’une maladie incurable. Tout au long du reportage, nous voyons une femme totalement lucide, le visage peu marqué par la souffrance et ayant encore la capacité de se déplacer.
Sur son lit de mort, « l’accompagnatrice » de Dignitas lui a demandé : « Vous êtes bien madame Michèle Causse? - Oui. Célibataire! ». Elles rient. « Ce n’est pas ce que je vous ai demandé. Ecoutez, vous voulez vraiment mourir aujourd’hui? |
- Absolument !
- Vous êtes persuadée de vouloir mourir?
- Oui !
- Parce que si vous buvez ce médicament, vous vous endormez et vous allez mourir.
- Oui !
- ça c’est clair?
- C’est ma volonté !
- C’est votre volonté.
- Oui !
- Alors je vous dis au revoir.
- Adieu. Au revoir Erika.
- Au revoir Michèle
- C’est ma volonté ferme et définitive !
- Vous buvez ce médicament une ou deux gorgées.
- Seulement?
- C’est amer.
- Mais je ne vais pas mourir avec une ou deux gorgées !
- Oh si.
- Non, non, je bois tout.
- Allez ! ».
Elle eut juste le temps de manger quelques carrés de chocolat pour lui faire oublier le goût amer du produit. Quelques plaisanteries puis Michèle Causse n’était plus.
Tout paraît simple et presque ludique raconté par écrit. La réalité est tout simplement choquante. Voir reportage : Dignitas, la mort sur ordonnance ICI (âmes sensibles s’abstenir).
Nous pouvons alors nous interroger sur l’acte de Michèle Causse. Est-ce la douleur qui l’a poussée à vouloir partir ou l’envie de contrôler sa destinée? Pourquoi avoir choisi le jour de son anniversaire pour mourir ? Pourquoi avoir choisi de le faire devant des caméras? Pourquoi a-t-elle fait preuve d’autant de fierté et de précipitation avant d’avaler ce breuvage ? Et comment oublier qu’elle a commis ce geste devant les yeux de sa compagne et d’une amie ? Sa maladie justifiait-elle réellement de mourir ainsi ?
LES DÉRIVES
Il semblerait que la pratique de l’euthanasie laisse place à de nombreuses dérives.
Parlons du cas de Nathan Verhelst. A l’origine, Nathan s’appelait Nancy. Rejetée par sa famille, à l’adolescence cette dernière commence à vouloir devenir un homme. Adulte, elle subit traitement hormonaux et opérations : ablation des seins et changement de sexe. Mais une fois devenue Nathan, elle considérait que sa transformation était ratée.
« J’avais préparé des dragées pour fêter ma nouvelle naissance, mais la première fois que je me suis vu dans le miroir, j’ai eu une aversion pour mon nouveau corps … Au lieu de recommencer à vivre, j’étais coincé dans un corps dont je ne voulais toujours pas. D’abord, je suis né fille par erreur puis comme garçon, j’avais un corps que je ne voulais pas ».
Ne supportant plus son nouveau corps, il s’est fait euthanasier le 30 septembre 2013 à Bruxelles à l’âge de 44 ans. Les médecins ont expliqué que les souffrances psychiques du patient étaient devenues insupportables, justifiant ainsi le recours à l’euthanasie. La mère de Nancy déclara quelques temps après : « Quand j’ai vu Nancy pour la première fois, mon rêve a été brisé. Elle était si laide. J’avais mis un monstre au monde, un fantôme. Pour moi, ce chapitre est fermé. Sa mort ne me fait rien. Je ne ressens aucune douleur, aucun doute, aucun remords. Nous n’avons jamais été une famille, elle ne pouvait donc pas être brisée ».
Le Dr Wim Distlemans, qui a pratiqué cette euthanasie, était également connu pour avoir pratiqué cet acte sur des jumeaux en décembre 2012. Marc et Eddy Verbessem étaient sourds. C’est lorsqu’ils ont appris qu’ils allaient devenir aveugles qu’ils ont demandé à être euthanasiés. Ayant toujours vécu ensemble, ils étaient terrifiés à l’idée de ne plus pouvoir se voir mais aussi du fait d’être coupés du monde extérieur. Ils ont don été euthanasiés à l’âge de 45 ans. Rappelons simplement qu’ ils ne souffraient pas d’une douleur mentale ou physique insupportable et persistante et n’étaient pas parvenus au stade terminal de leur maladie.
Récemment, Oriella Caszzenello a eu recours à l’assistance au suicide en Suisse. Âgée de 85 ans, cette dernière, bien qu’en bonne santé, ne supportait plus l’idée de perdre son physique avantageux dont elle était très fière. Ne parvenant pas à assumer les marques du temps sur son visage, elle préféra mourir en laissant d’elle une « belle image ». Sa famille, vivant en Italie, a appris la nouvelle en recevant le certificat de décès.
D’autres formes de dérives existent. Le reportage L’euthanasie, jusqu’où ? expose toutes les difficultés pour les commissions de vérifier que ces suicides sur ordonnances se pratiquent bien dans le cadre fixé par la loi et donc l’impossibilité d’éviter les dérives. Pire encore, selon certains personnels médicaux, en Suisse et en Belgique, un certain nombre d’euthanasies auraient été pratiqués sans l’accord des patients… Voir le reportage ICI.
QUE DIT LA BIBLE ?
Il est évident que pour qu’une personne en arrive à préférer la mort à la vie, sa souffrance doit être immense. Nul ne peut rester indifférent face à l’agonie d’un animal, à combien plus forte raison ne serions-nous pas sensibles à la souffrance d’un semblable ? Toutefois notre empathie ne doit pas être voilée par le sentimentalisme et l’humanise car il est ici question de la mort qui est un évènement irréversible. Les partisans de l’euthanasie revendiquent le droit de mourir dans la dignité et la liberté de choisir le moment de leur mort. Mais au fond que cachent ces revendications ?Le terme « dignité » renvoie au respect que mérite quelqu’un ou quelque chose ; une attitude de réserve, de gravité, inspirée par la noblesse des sentiments ou par le désir des respectabilité. Or une personne qui souffre et qui affronte sa maladie jusqu’au bout n’est pas moins digne qu’une autre. On dit souvent que les personnes qui se font euthanasier sont courageuses. Que dire alors de celles qui affrontent leur maladie jusqu’à leur dernier souffle ? Ce sont des lâches ? Ne nous laissons pas séduire par la pression populaire et médiatique et restons sobres. Une personne qui meurt dans ses péchés est condamnée à souffrir éternellement. Le fait de se suicider revient à commettre un meurtre sur sa propre personne. En posant cet acte, on s’offre un allé simple pour l’enfer et au lieu de la délivrance espérée on récolte un tourment sans fin.
« Tu ne tueras point » Exode 20:13.
« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort » Apocalypse 21:8.
Il est intéressant de se demander si les candidats au suicide assisté sont invités à une réflexion religieuse ou philosophique sur l’au-delà avant de leur donner le feu vert. Après tout ils n’ont rien à perdre. Mais on en doute…
Comme nous l’avons vu, les dérives sont inévitables. Au départ, seules les personnes se trouvant en phase terminale d’une maladie incurable et éprouvant des souffrances insupportables étaient concernées par ce dispositif. Nous avons cependant vu que cet acte a été pratiqué sur des personnes qui ne remplissaient pas ces conditions mais qui étaient soit dépressives soit orgueilleuses (refus de se voir vieillir et donc d’enlaidir). Pire encore, des patients ont subi des euthanasies sans qu’ils en aient fait la demande. Au train où vont les choses, toute personne qui connaîtra une baisse de moral passagère pourra demander à être piquée et en finir avec la vie qui offre aussi de belles surprises. A chaque jour suffit sa peine, demain sera un autre jour.Dans les années à venir, on pourrait inciter subtilement les vieux, ayant dépassé un certain âge et étant devenus trop couteux et trop encombrants pour la société, à se dépêcher de trépasser avec l’aide de la médecine. Tout comme l’avortement, l’euthanasie est un acte grave et répréhensible. Aucune société ne devrait l’autoriser. Une personne qui se suicide seule en assume l’entière responsabilité. Elle laissera derrière elle une famille en proie à de nombreuses questions et une douleur décuplée par l’incompréhension et la brutalité du geste. Une personne qui veut se suicider avec l’assistance d’un tiers (association, État…) commet non seulement un péché mais entraîne d’autres personnes dans son iniquité, répandant le mal comme une traînée de poudre et exposant ainsi toute une société au jugement de Dieu.
Il m’est certes facile d’écrire ces lignes n’étant pas à la place de ceux qui sont accablés par la douleur. Toutefois, en tant qu’enfants de Dieu, nous ne sommes pas là pour laisser parler nos sentiments mais pour avertir avec amour de la part du Seigneur (2 Timothée 4 :2). Beaucoup accusent Dieu et le maudissent lorsqu’ils se retrouvent confrontés à des situations difficiles, notamment la maladie et le handicap. Dans leur colère ils ne savent dire que des « Pourquoi ? » et ne comprennent pas la sagesse de notre Dieu.
« Mais Dieu sauve le malheureux dans sa misère, Et c’est par la souffrance qu’il l’avertit. » Job 36 :15.
« Éternel! dis-moi quel est le terme de ma vie, Quelle est la mesure de mes jours; Que je sache combien je suis fragile. Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main, Et ma vie est comme un rien devant toi. Oui, tout homme debout n’est qu’un souffle » Psaumes 39: 5-6.
Chaque être humain souhaite mourir paisiblement dans son sommeil. Or il ignore qu’un cauchemar sans fin l’attend s’il ne s’est pas au préalable réconcilié avec Dieu. C’est pourquoi Dieu l’avertit et l’enseigne par la souffrance. Normalement, une personne qui agonise avant sa mort se remet en question, se repent et les portes du paradis s’ouvrent pour elle. Pour certains cela fonctionne, pour d’autres, trop endurcis de cœur, non…
« L’un des malfaiteurs crucifiés l’injuriait, disant : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous ! Mais l’autre le reprenait, et disait : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais celui-ci n’a rien fait de mal. Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » Luc 23 :39-43.
Le Seigneur parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre. Au travers d’une maladie, Il peut se faire connaître à vous, vous enseigner, se glorifier par une guérison et surtout vous sauver car c’est là son désir suprême.
Alors que faire ? Que dire à ces personnes qui souffrent cruellement ? Comment réagir ? Il faut leur présenter le Seigneur et les préparer à cette rencontre inévitable avec le Créateur. Si leurs souffrances ne peuvent être soulagées par des soins palliatifs (ce qui semble assez rare), soutenons-les par nos prières et témoignons-leur de l’amour par notre présence et des paroles réconfortantes. Ensuite laissons le Seigneur rappeler à lui ses enfants sans s’acharner inutilement pour les maintenir en vie car nul n’est maître de son souffle pour pouvoir le retenir (Ecclésiaste 8 :8). |
Jennifer.