Les médias allemands et américains s'interrogent sur les ventes d'armes approuvées par leurs pays à l'Arabie Saoudite, et qui tuent des civils au Yemen. En Inde, l'opposition soupçonne des malversations autour de l'achat d'avions Rafale. En Australie, psychose autour du "terrorisme fraisier".
Une guerre, enkystée depuis des années dans les rivalités tribales et celles des grandes puissances régionales, avec comme conséquence, la famine qui menace aujourd'hui la vie de 5 millions d'enfants yéménites. Cette réalité, ce chiffre brandi par l'ONU, hante de très nombreux médias ce matin des Etats-Unis à l'Europe.
L'américaine ABC News l'illustre même avec un rare reportage sur le terrain. On y croise des parents effrayés, des enfants squelettiques, déjà "trop faibles pour pleurer", nous dit le reporter. Mais ce qui ajoute encore au choc et à la mauvaise conscience, c'est la question sous-jacente de la participation de nos Etats occidentaux à ce conflit.
Question posée en Allemagne, par Der Spiegel autour des ventes d'armes validées par le gouvernement allemand, en dépit, nous explique-t'on, de l'accord qui avait été passé entre Angela Merkel et ses partenaires du SPD à la création de la "grande coalition". Accord piétiné, donc, nous dit la Deutsche Welle, par le ministère de l'Economie: il a donné son feu vert à une livraison d'armes à l'Arabie Saoudite, laquelle mène la coalition arabe engagée au Yémen contre les combattants chiites Houthis. Les sociaux-démocrates avaient pourtant fait jurer à la Chancelière que toute vente d'arme à un pays belligérant au Yémen serait bannie, et voilà nous dit la radio nationale, qui affaiblit encore un peu plus, on en parlait déjà hier, l'attelage politique mené par Angela Merkel.
Mêmes cas de conscience aux Etats-Unis, où CNN met les américains face à leurs responsabilités dans la mort de centaines de civils yéménites. Les missiles balistiques livrés par les marchands d'armes américains à Riyad sont utilisés très régulièrement par les avions de la coalition, ça on le savait déjà, mais la chaîne d'info américaine a récupéré, sur les sites des derniers bombardements où des civils ont été tués, des débris de bombes "Made in America", avec photos de leurs numéros de série à l'appui. De quoi frapper les esprits, et obliger à une prise de conscience collective.
On se souvient que la semaine dernière le gouvernement socialiste en Espagne avait du valider lui aussi une livraison d'armes à Riyad, après avoir tenté vainement de s'y opposer. Der Spiegel nous explique que les gouvernements sont tenus par les contrats passés, qui prévoient le versement de pénalités colossales, en cas de dédite.
En Inde, des soupçons tenaces de corruptions se font jour autour du contrat d'achat d'avions Rafale au français Dassault.
Accusations détaillées pour nous par le journal The Hindu... après avoir saisi la Cour Suprême indienne, l'opposition au Premier ministre Narendra Modi alerte la Cour des Comptes sur les zones d'ombres de ce contrat à près de 7 milliards d'euros. Pourquoi par exemple le français Dassault va-t'il livrer seuulement 36 avions l'an prochain, alors qu'au départ l'Inde s'était engagée sur 123 avions de combats achetés? Pourquoi, aussi, ces avions seront payés par Mumbay trois fois plus cher que le prix initial, croit savoir l'opposition indienne qui a fait de cette affaire son principal axe d'attaque contre Narendra Modi en vue des élections générales de l'an prochain?
Dans The Hindustan Times, cité et traduit par Courrier International, ces mêmes opposants nous expliquent pourquoi le Premier ministre est selon eux directement impliqué: il aurait favorisé l'arrivée comme intermédiaire dans ce contrat d'un homme d'affaires indien dont il est proche et dont l'entreprise aurait été privilégiée, au détriment de la société publique de construction aéronautique.
Enfin nous explique le Deccan Chronicle, le Parlement indien n'a jamais ratifié ce contrat à près de 7 milliards d'euros, ce qui semble contraire à la règle constitutionnelle. Mais en début de semaine le pouvoir en place a réussi à empêcher la création d'une commission d'enquête parlementaire sur ce dossier Rafale sur lequel Narendra Modi lui-même s'est bien gardé de s'exprimer jusque-là.
L'Australie traverse une psychose assez délirante autour d'une affaire de barquettes de fraises "contaminées", le mot est fort, par des aiguilles de couture.
C'est très sérieux, en tous cas ça l'est devenu en quelques semaines, jusqu'à se retrouver dans les pages internationales de la presse nord-américaine: The Washington Post retrace donc pour nous les premiers cas d'enfants qui ont croqué dans des fraises et se sont blessés avec ces aiguilles plantées dans les fruits. Très vite les médias australiens se sont emparés du sujet, et les cas se sont multipliés à travers l'île.
A l'origine de cette propagation, des jeunes gens,, des "copycats", de "lâches idiots", selon le Premier ministre Scott Morrison, qui ont reproduit ce qu'ils ont vu à la télé, et dissimulé des aiguilles et autres petits objets mettaliques désormais dans une centaine de fraises et autres fruits vendus en supermarchés.
A lire la presse australienne, comme le site NEWS.COM.AU on se rend compte, qu'on est déjà très avancé dans l'emballement médiatico-politique: le gouvernement a promis une récompense de 100 000 dollars australiens pour toute information. Il vient surtout d'aggraver, de 10 à 15 ans de prison les peines pour "altération de nourriture", crime désormais aussi répréhensible que le financement du terrorisme ou la détention de contenus pédopornographiques.
La grande distribution s'y met aussi: le Sydney Morning Herald nous apprend que WoolWorth, la première chaîne de supermarchés de l'île, a retiré les aiguilles à coudre de ses rayons, pour ne pas faciliter la tâche aux aspirants "terroristes alimentaires". Car c'est bien le genre de mots que l'on lit dans les journaux, repris très sérieusement par un producteur de fraises dans le même Syndey Morning Herald: "Nous sommes en train de vivre le 11 septembre de la fraise australienne, dit ce fraisiculteur, une attaque terroriste ciblée" sur cette filière agricole qui emploie des milliers de personnes et génère des profits considérables en Australie. Et de conclure: "si on peut glisser des aiguilles dans les fraises, pourquoi ne le ferait-on pas aussi dans des tomates, des brocolis, ou même des steaks ?"
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