Face à une journaliste de Quotidien, Bertrand de Rochambeau a comparé l'avortement à un homicide, et s'est attiré une pluie de critiques.
"Nous ne sommes pas là pour retirer des vies." Cette phrase, lâchée par le docteur Bertrand De Rochambeau au micro de l'émission "Quotidien" lors d'un reportage sur les médecins qui utilisent leur clause de conscience pour refuser de pratiquer l'IVG, fait scandale depuis mardi soir.
Face caméra, le docteur Bertrand De Rochambeau, président du Syngof, le Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France, explique pourquoi il refuse de pratiquer l'IVG. "Les choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus", déclare-t-il. Quand la journaliste lui répond qu'une IVG n'est pas un homicide, lui assure "Si madame". Et d'ajouter: "Moi, en tant que médecin je ne suis pas forcé d'avoir votre opinion et si je ne l'ai pas la loi me protège, et ma conscience aussi".
La clause de conscience pour les médecins concernant l'avortement est établie à l'article R4127-18 du Code de la santé publique. Il explique qu'un médecin "est toujours libre" de refuser un avortement. Il n'est donc pas illégal en France de repousser une demande d'IVG. En revanche, selon l'article R4127-47 du même code, si un médecin décide de se dégager de sa mission, il doit "en avertir le patient et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la poursuite des soins." Dans ce cas, tourner le patient vers un médecin qui, lui, accepte de pratiquer les avortements.
"Nous condamnons les propos du président du Syngof"
Les déclarations du docteur Bertrand De Rochambeau ont beaucoup fait réagir. "Scandaleux !", écrit sur Twitter la coprésidente du planning familial, Véronique Séhier. Pour elle, ce refus médical est "une entrave aux droits des femmes et à leur santé, et un vrai danger à terme pour ce droit fondamental".
La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est associée à Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes, pour condamner les propos tenus par le médecin. "Nous [...] sommes déterminées à défendre partout le droit à l'IVG. Chaque femme doit pouvoir l'exercer en toute liberté."
Prise de distance avec le président du syndicat
Contacté par L'Express, le Syngof a assuré que "le syndicat ne remettait nullement en cause l'IVG" et que l'opinion du Dr Bertrand De Rochambeau lui était personnelle. "[Son avis] n'est pas la position du syndicat", explique le Syngof. L'organisme précise toutefois que l'interview portait au départ sur la clause de conscience dans le milieu médical, et que le syndicat ne remettait pas en cause cette clause de conscience.
De son côté, le président du syndicat a regretté mercredi sur RTL la polémique... mais pas ses propos. Il a assuré que ses paroles reflétaient son "avis personnel et pas celui de la profession". Dans le même temps, il a fustigé des propos "utilisés" par la journaliste de Quotidien, et a dit regretter d'avoir accepté de discuter avec elle des raisons qui le poussent à ne pas pratiquer l'avortement.
L'absence d'IVG à l'hôpital du Bailleul
Le reportage du "Quotidien" s'intéresse également à l'hôpital du Bailleul, dans la Sarthe, et rappelle que depuis 9 mois, aucun médecin n'y pratique plus d'IVG. L'Express s'était rendu dans cet hôpital en août pour comprendre pourquoi l'avortement n'y était plus proposé.
Le 8 septembre, la ministre Marlène Schiappa a toutefois annoncé que l'activité d'IVG de l'hôpital sarthois allait reprendre après neuf mois de suspension. Le médecin en temps partiel a été passé en temps plein et "des sages-femmes de l'établissement pourront réaliser les IVG médicamenteuses (50% des actes) sous la responsabilité du médecin", a annoncé le ministère.
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