Dans l’Ouest de la Chine, les chrétiens font les frais d’une répression continue contre la minorité ouïghoure. Leur foi et leur famille sont mises à rude épreuve sous la campagne d’assimilation forcée de la part du gouvernement chinois.
«Lorsque je suis retourné dans mon village, j’ai constaté que la plupart des hommes avaient été emmenés dans des camps de rééducation. Mes proches se sont mis à parler chinois au lieu de leur langue maternelle», dit Shmarkhan*, un ouvrier parti travailler dans une autre région. Plus inquiétant encore : dans un autre village, 40 % des 1 700 habitants ont été conduits dans des camps, tandis que 50 à 60 enfants étaient placés dans des orphelinats, selon un policier local qui tient à rester anonyme.
Nettoyage culturel et religieux
Avec ses réserves de pétrole, de gaz et de minéraux, le Xinjiang est une région stratégique pour la Chine, qui vise à rouvrir la fameuse route de la soie vers l’Occident. Elle est peuplée d’Ouïghours, une ethnie de culture turkmène à majorité musulmane qui comprend aussi des chrétiens. Officiellement, le gouvernement chinois veut «inaugurer une nouvelle ère de stabilité sociale et d’unité nécessaires à la croissance économique». En réalité, des milliers de personnes sont détenues en raison de leur croyance ou de leurs convictions pendant des semaines, voire plusieurs mois, dans ces «centres d’étude» ou «centres de transformation mentale». Là, elles sont contraintes d’abandonner leur langue et leur foi pour déclarer leur allégeance au gouvernement et de soutenir l’unité nationale.
Familles chrétiennes déstabilisées et vies brisées
Parmi les Ouïghours, des chrétiens sont arrêtés lors de raids inopinés et emmenés dans un lieu inconnu. Les femmes et les enfants restent dans l’incertitude, souvent sans aucun revenu. C’est le cas de Patigul* dont le mari est détenu parce qu’il est chrétien : «Je m’efforce de garder le courage et la foi pour continuer à vivre. Je dois trouver du travail pour nourrir et éduquer mes enfants», dit-elle. Comme les réunions religieuses sont interdites, les chrétiens ont peur de se retrouver même en petits groupes. Ils se sentent très seuls.
Les femmes aussi sont «rééduquées». Alitenggul n’a pas reconnu sa sœur après son retour de détention : «Ma sœur est dépressive. Elle perd ses cheveux. En camp, elle devait rester en service deux heures par nuit, debout contre un mur, sous peine de recevoir des coups. Maintenant, elle se réveille et se lève la nuit. Nous lui avons demandé pourquoi, et elle nous a répondu qu'elle était en service. Elle est toujours sous surveillance et la police fouille la maison chaque jour.»
Au Xinjiang, les chrétiens subissent la double persécution du gouvernement et de la communauté musulmane. C'est aussi le cas du pasteur Alimjan Yimit, en prison depuis 10 ans en raison de sa foi.
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