Sans surprise, les Etats-Unis ont mis leur veto, vendredi 1er juin, à un texte présenté par le Koweït au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui demandait une protection du peuple palestinien et qui condamnait l’usage indiscriminé et disproportionné de la force par Israël contre les manifestants dans la bande de Gaza.
Quelques minutes plus tard, les Etats-Unis ont présenté un texte concurrent qui condamnait les agissements, cette fois, du Hamas. Washington tient le mouvement islamiste – qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007 – pour seul responsable des violences qui ont fait plus d’une centaine de morts et 4 000 blessés par balles depuis le 30 mars.
Une première dans les annales du Conseil de sécurité, Washington n’a recueilli qu’une seule voix positive : la sienne. Sa représentante, Nikki Haley, a immédiatement dénoncé un vote « qui montre d’évidence que les Nations unies sont irrémédiablement biaisées à l’égard d’Israël ».
Washington, principal allié de l’Etat hébreu, n’avait pourtant pas manqué d’exercer une très forte pression sur les Etats membres du Conseil de sécurité pour faire échouer le texte du Koweït, décrochant même l’abstention de quatre pays (Royaume-Uni, Ethiopie, Pologne, Pays-Bas) dont trois des cinq membres européens du Conseil. Ces derniers ont dénoncé le manque d’équilibre du texte koweïtien qui ne faisait aucune mention du rôle du Hamas et du Djihad islamique palestinien qui ont tiré une soixantaine de roquettes contre Israël, le 29 mai, sans faire de blessés. La France, qui a voté en faveur, avait appelé à faire preuve « de pragmatisme et de réalisme » malgré un texte « qui n’est pas parfait » et qui aurait dû aussi « établir clairement la responsabilité du Hamas et condamner explicitement les tirs de roquettes ».
Un silence « ni acceptable, ni compréhensible »
En négociation depuis plus de deux semaines, le texte présenté par le Koweït, au nom du groupe arabe, avait fait l’objet de nombreuses révisions et ne réclamait plus que « des mesures de garanties pour la sécurité et la protection » du peuple palestinien. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, était aussi chargé de présenter des recommandations sous soixante jours pour la création d’un « mécanisme de protection internationale ».
L’ambassadrice américaine a qualifié le texte de « parti pris grossier ». Le Hamas est « le premier responsable des conditions de vie déplorables à Gaza », a-t-elle expliqué. Puis avec son ton tranchant habituel, Mme Haley a lancé : « Soit vous soutenez le Hamas, soit vous ne le soutenez pas. Votre vote parlera pour vous. »
Ce profond clivage du Conseil de sécurité, quant à la réponse à apporter à l’escalade des violences dans la bande de Gaza, est « une nouvelle occasion manquée » a regretté l’ambassadeur français, François Delattre, qui a aussi dénoncé son « lourd silence de plus en plus assourdissant » qui n’est pas « acceptable » et pas « compréhensible ».
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