Syrie : le « crépuscule d’une Église » ?

À Damas, les chrétiens veulent la fin d’une guerre qui n’a servi à rien.

Tragédies à répétition. Après sept années de guerre en Syrie, Damas, la capitale, a encore vécu une semaine d’horreur. Le 18 mars, le régime syrien a lan­­cé une offensive aérienne sur la Ghouta orientale, une zone située au nord-est de la ville, où vivent 400 000 personnes. Les frappes ont tué plus de 500 civils, dont une cen­taine d’enfants. Les dégâts matériels sont colossaux. L’objectif du régime : en finir avec les rebelles, essentiellement islamistes, qui tiennent cette enclave depuis 2012. Si l’intensité des bombardements ne peut pas être comparée avec ceux de l’armée syrienne, les groupes rebelles de la Ghouta lancent eux aussi réguliè­re­ment des roquettes et missiles sur Damas. En dix jours, le comité des funérailles du quartier chrétien de la ville a comptabilisé neuf morts et huit blessés. Parmi les victimes, une fillette de 12 ans et un petit garçon de 3 ans.

« Les chrétiens n’en peuvent plus ! »

« La situation à Damas a quelque chose de désespérant et d’angoissant, puisqu’on ne sait pas comment les choses vont évo­luer », confie Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Église en détresse. « On com­prend que l’État syrien veuille récupérer le contrôle de son territoire. Mais comment en finir avec une rébellion bien armée qui utilise la population comme bouclier hu­main ? », s’interroge-t-il, avant de lâcher : « C’est comme à Alep, à Mossoul, à Raqqa.On ne sait pas faire autrement. »

« Les chrétiens et tous les habitants de Damas n’en peuvent plus ! », témoigne Béatrice Challan Belval, présente sur place pour l’association SOS Chrétiens d’Orient. « Tout le monde est dépité, choqué par cette violence. Un ami syrien se lamentait en me disant que cette guerre en Syrie, qui dure et qui dure, était une guerre pour rien », poursuit-elle.

Dans une lettre rédigée pour l’entrée en Carême, intitulée « Crépuscule d’une Église », Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas, partage sa terrible crainte : voir la présence chrétienne dans cette ville finir par disparaître à mesure que la guerre se prolonge. « Lors de mon installation à Damas, en décembre 2006, un prêtre du diocèse me disait : “Seras-tu le dernier évêque de Damas ? Trouveras-tu quelqu’un à qui remettre la clé de la ca­­thé­drale ?” Regardant l’exemple irakien, j’ai peur que son intuition soit vraie. »

Dans un inventaire des souffrances supportées par son Église, Mgr Samir Nassar écrit que « la construction ecclésiale s’effondre doucement : dix mariages au lieu de trente, et sept baptêmes au lieu de quarante en 2017 », que l’exode se poursuit « à un rythme plus rapide, surtout parmi les jeunes et les hommes ».

Mais, dans ce chaos syrien, l’archevêque veut garder la foi. « Nous continuons de vivre en sursis… Entre les mains de la Providence… » Il sait mieux que qui­conque de quoi il parle. Début janvier, un obus est tombé sur son lit, au moment où il s’apprêtait à faire une sieste. « Quelques secondes au lavabo m’ont sauvé la vie. »

 

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