Evan Mawarire, l’un des leaders de la contestation anti-Mugabe, a été à nouveau arrêté dimanche 24 septembre. Fondateur du mouvement « #ThisFlag » (#CeDrapeau), ce pasteur évangélique est l’instigateur depuis 2016 de plusieurs manifestations pour dénoncer la corruption, les violations des droits humains et le déclin de l’économie du Zimbabwe.
Au Zimbabwe, diffuser une vidéo sur les réseaux sociaux montrant de longues files d’attente devant des stations-service, peut provoquer une arrestation par la police.
C’est en tout cas ce qui est arrivé dimanche 24 septembre au pasteur Evan Mawarire, 39 ans, qui a été arrêté alors qu’il était en train de célébrer le culte à Harare, la capitale du pays. Selo, son avocat, Harrison Nkomo, il avait diffusé la veille une vidéo sur la pénurie de carburant au Zimbabwe.
« Il a été accusé de subversion contre un gouvernement constitutionnel », a précisé Harrison Nkomo. « Il est retenu au commissariat central de Harare et nous nous préparons pour une audience au tribunal. »
Le drapeau zimbabwéen en écharpe
Le pasteur Mawarire a déjà été arrêté plusieurs fois depuis début 2016. Il avait lancé cette année-là sur les réseaux sociaux une campagne de protestation contre l’inamovible président Robert Mugabe, 93 ans, au pouvoir depuis fin 1987, et contre les conditions de vie dans ce pays marqué par une corruption généralisée, un taux de chômage estimé à 90 %, une désintégration des services d’éducation et de santé…
Cette campagne, intitulée « #ThisFlag » (#CeDrapeau) – parce que le pasteur Mawarire apparaît avec le drapeau zimbabwéen en écharpe – avait déclenché de nombreuses grèves et manifestations dans le pays.
Arrêté en juillet 2016, au premier jour d’une nouvelle campagne de manifestations, Evan Mawarire était ressorti libre du tribunal de Harare : les charges d’atteinte à la sûreté de l’État n’avaient pas été retenues contre lui par le juge de Harare qui avait reconnu un vice de forme dans les poursuites engagées par le procureur.
Sa femme et ses trois filles aux États-Unis
Toutefois, menacé de mort et craignant pour sa femme alors enceinte, qui était harcelée dans la rue, le pasteur Mawarire s’était exilé fin juillet 2016 en Afrique du Sud puis aux États-Unis. En février dernier, ayant laissé sa femme et ses trois filles aux États-Unis, il était revenu à Harare.
À nouveau arrêté dès son arrivée à l’aéroport, il a été accusé de tentative de sabotage du gouvernement et d’incitation à la violence. Après son audience le 16 mars 2017 devant la Haute Cour de Harare, il a été libéré sous caution – son passeport lui a été confisqué.
Le 26 juin, après que ce pasteur charismatique a animé des temps de prière avec des étudiants en médecine de l’université du Zimbabwe pour protester contre la hausse des frais de scolarité, il était à nouveau arrêté.
Selon Belinda Moses, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnesty International, le pasteur « continue d’être la cible d’un régime qui cherche à tout prix à l’incriminer parce qu’il a exercé sa liberté d’expression et sa liberté de réunion pacifique. Evan Mawarire est un prisonnier d’opinion. Il doit être libéré immédiatement et sans condition. »
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