Au moins 68 personnes, dont des adolescents, ont été tuées dans un nouveau massacre perpétré par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, au moment où le groupe islamiste rassemble des troupes dans son fief voisin de Gwoza.
C'est depuis Gwoza, prise par les insurgés en juin 2014, que leur chef Abubakar Shekau a proclamé en août un «califat» dans les zones passées sous le contrôle des islamistes armés dans le nord-est du pays.
Mais, depuis février, Boko Haram fait face à une campagne militaire sans précédent lancée par le Nigeria et ses voisins, le Tchad, le Niger et le Cameroun, qui affirment avoir repris le contrôle de plusieurs villes et villages.
Jeudi, les autorités nigérianes ont annoncé avoir repris «le contrôle total» de Mafa, à 50 km à l'est de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno et berceau de l'insurrection. Cette information n'a toutefois pu être vérifiée de source indépendante.
Selon les experts, au moment où Boko Haram est chassé de ses fiefs, les attaques risquent de se multiplier, notamment dans les régions les plus reculées.
Des hommes très lourdement armés ont attaqué mardi le village de Njaba, dans l'Etat de Borno, selon deux témoins et deux membres de milices d'autodéfense interrogés jeudi.
D'après un milicien, qui dit y avoir perdu son père, l'attaque a été lancée depuis Gwoza, localité du même Etat située à une centaine de km à l'est.
«Les terroristes étaient armés jusqu'aux dents», a raconté Falmata Bisika, 62 ans, depuis Maiduguri, où elle a trouvé refuge. Ils se sont mis à tirer sur les habitants qui tentaient de fuir, «dont des adolescents et des personnes âgées», a-t-elle poursuivi.
«J'ai participé au comptage des corps, 68 personnes ont été tuées», a déclaré Muminu Haruna. Cet homme de 42 ans, qui s'est d'abord caché dans un grenier derrière chez lui, a ensuite couru jusqu'à Maiduguri, située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Njaba.
Selon M. Haruna et les autres témoins, le village a été entièrement brûlé.
«Parmi les victimes se trouvaient des garçons et des filles de 13 à 19 ans et d'autres habitants, plus âgés. Ils ont été tués par balles ou massacrés», a déclaré Ali Mulai, qui fait partie des milices d'autodéfense du village.
- Afflux d'insurgés à Gwoza -
Dans le même temps, les combattants islamistes affluent depuis plusieurs jours à Gwoza, où ils ont commis des exactions, selon un témoin et un sénateur.
Ils se préparent à défendre la ville au moment où l'armée poursuit son avancée, aidée par les soldats tchadiens, a expliqué jeudi à l'AFP Ali Ndume, sénateur de cette région.
Une reprise de cette ville serait un succès hautement symbolique pour l'armée nigériane.
Selon une habitante qui a fui mardi Gwoza, les insurgés ont encerclé de jeunes hommes qui étudiaient le Coran devant la résidence d'un responsable religieux local.
Ces hommes ont ensuite été exécutés devant leurs femmes, a raconté cette habitante depuis Yola, capitale de l'Etat voisin d'Adamawa.
«Les hommes de Boko Haram ont rapporté des armes neuves, dans des cartons, ils les ont testées et il ont abattu tous les hommes qui ont été forcés de s'allonger sur le ventre», a-t-elle relaté.
«Les insurgés de Boko Haram affluent depuis plusieurs jours à Gwoza, où ils ont tué de nombreux habitants de sexe masculin et chassé les femmes et les enfants», a indiqué de son côté le sénateur.
Il est difficile d'estimer la population actuelle de Gwoza, de nombreux habitants ayant fui vers le Cameroun voisin après la prise de la ville en juin dernier.
L'armée tchadienne, au rôle majeur dans l'opération régionale en cours, a permis au Nigeria de reprendre de vastes teritoires aux islamistes ces dernières semaines.
Le président tchadien Idriss Déby Itno a promis mercredi d'«anéantir» Boko Haram et d'éliminer son chef s'il ne se rendait pas, affirmant savoir où il se trouve.
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