Les Palestiniens s'entendent pour former un gouvernement d'union au grand dam d'Israël

Un accord de partage du pouvoir a été scellé entre le Hamas et l'OLP. En réaction, Israël a décidé d'annuler une séance de négociations avec les Palestiniens.

Les Palestiniens ont décidé de former un gouvernement d'union nationale, s'attirant la vindicte des dirigeants israéliens alors que le processus de paix est totalement enlisé. Une délégation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a conclu dans la nuit de mardi à mercredi un accord avec le mouvement rival Hamas, au pouvoir à Gaza, pour « constituer un gouvernement d'union nationale d'ici cinq semaines ». Ce gouvernement doit être composé de technocrates.

Mise en place d’un gouvernement et élections générales en vue

La délégation de l'OLP est conduite par Azzam al-Ahmad, un chef du Fatah, le mouvement nationaliste dirigé par le président Mahmoud Abbas. Elle a été chaleureusement reçue par le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, et le numéro deux du mouvement islamiste, Moussa Abou Marzouq. Les deux parties ont repris leurs discussions mercredi matin « dans un climat positif », selon des sources proches des négociations. Les entretiens portent essentiellement sur la mise en place d'un gouvernement de « consensus national », la tenue d'élections générales et la composition de la direction de l'OLP.

L'annonce a provoqué des scènes de liesse dans la bande de Gaza. Des milliers de personnes sont spontanément descendues dans les rues de la ville de Gaza, ainsi que dans les principales agglomérations et les camps de réfugiés de l'enclave palestinienne, en brandissant des drapeaux et aux cris d'« Unité palestinienne ! »



Une joie qui pourrait toutefois être de courte durée. En effet, ce n'est pas la première fois que les frères ennemis du Mouvement national palestinien font état de la formation imminente d'un gouvernement d'union. Des annonces qui jusqu'ici n'ont pas été suivies d'effet. Ainsi, le Hamas et le Fatah, le principal parti de l'OLP, ont signé en 2011 au Caire un accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Mais la plupart des clauses sont restées lettre morte. Vainqueur des élections législatives en 2006, le Hamas a chassé par la force le Fatah de la bande de Gaza l'année suivante.

« Les gens ont déjà entendu la même chose à moult reprises mais à chaque fois l'accord a été violé par le Fatah ou le Hamas. Il est clair que les deux côtés ne respectent pas leurs engagements », a expliqué Samir Awad, professeur de sciences politiques à l'université de Birzeit, en Cisjordanie. « La réconciliation [interpalestinienne] et les négociations [avec Israël] sont maintenant des tactiques. Chaque côté a ses propres calculs et cette réconciliation n'a guère de substance sur le terrain. Elle pourrait capoter à tout instant », a renchéri un autre politologue, Hani al-Masri.



Pour Israël, Abbas a « choisi le Hamas et pas la paix »

Peu après l'annonce de la formation d'un gouvernement palestinien d'union nationale, un raid de l'aviation israélienne a fait quatre blessés mercredi dans le nord de la bande de Gaza. Cette opération, menée au surlendemain de tirs de roquettes dans le sud de l'Etat hébreu, n'a fait l'objet d'aucun commentaire de la part de l'armée israélienne.

Le gouvernement israélien a par ailleurs annulé sa prochaine séance de négociations avec l'autorité palestinienne, devant avoir lieu mercredi soir. Le Premier ministre israélien accuse le président de l'Autorité palestinienne de saborder le processus de paix. Benjamin Netanyahu avait auparavant sommé Mahmoud Abbas de choisir entre la réconciliation avec le mouvement islamiste et la poursuite du processus de paix. Abbas a « choisi le Hamas et pas la paix. Quiconque choisit le Hamas ne veut pas la paix », dit-il dans un communiqué.

Pour sa part, Mahmoud Abbas a estimé que cet accord n'empêchait nullement la poursuite des négociations avec les Israéliens en vue de trouver une solution négociée prévoyant la création d'un Etat palestinien. « On ne saurait parvenir à la paix sans la réconciliation d'abord. La réconciliation est une priorité nationale palestinienne », a ajouté le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, interrogé par l'AFP.

Pourparlers dans l'impasse

Les pourparlers de paix israélo-palestiniens, relancés en juillet dernier par le chef de la diplomatie américaine John Kerry, sont aujourd'hui dans l'impasse. Une énième rencontre entre négociateurs israéliens et palestiniens mardi à Jérusalem, en présence du médiateur américain Martin Indyk, n'a débouché sur aucun progrès. « La réunion a duré plusieurs heures mais nous ne sommes pas parvenus à surmonter nos divergences », a dit Saëb Erakat. « Nous allons continuer à rencontrer la délégation israélienne jusqu'au 29 avril. Mais, clairement, les Israéliens ne veulent pas faire avancer le processus de paix », a-t-il ajouté.

Israéliens et Palestiniens multiplient les gestes d'hostilité depuis qu'Israël a refusé de libérer comme prévu le 29 mars un dernier contingent de prisonniers, en réclamant une prolongation des négociations de paix au-delà de l'échéance prévue du 29 avril. Le président Abbas se déclare disposé à prolonger les discussions, mais à condition qu'Israël relâche les prisonniers, gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien. Le gouvernement israélien a rejeté les « conditions » palestiniennes. Depuis leur reprise le 29 juillet 2013, les pourparlers piétinent sur l'ensemble des questions au coeur du conflit : les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens.

 

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