Aux Etats-Unis, on peut étudier la théologie selon Bruce Springsteen

Quand le « Boss » parle du « Big Boss » : voilà ce qu'a dû penser Azzan Yadin-Israel, un professeur de l'université de Rutgers (dans le New Jersey), quand il a décidé de proposer un cours consacré à « la théologie de Bruce Springsteen ». Un cours étalé sur dix semaines et réservé à un groupe de vingt étudiants, qui est néanmoins parvenu à faire parler de lui dans tous les Etats-Unis, au point que son auteur envisage désormais de réunir ses enseignements dans un livre, rapporte l'édition américaine du Huffington Post (en anglais).

Avant de s'intéresser à l'icône du rock, Azzan Yadin-Israel, spécialiste en littérature rabbinique ancienne, a commencé par consacrer un article aux concepts théologiques présents dans les chansons d'un groupe israélien. Puis il s'est demandé quel chanteur américain pourrait lui aussi se prêter à ce type d'exercice, et son attention s'est portée sur Springsteen.

Elevé dans une famille catholique, Bruce Springsteen aborde en effet régulièrement dans ses chansons des thèmes tels que la foi, la rédemption ou la terre promise, et fait également très souvent référence à la Bible (« Adam Raised a Cain », « In the Belly of the Whale »...).

A titre d'exemple, Azzan Yadin-Israel évoque auprès du Huffington Post la chanson « Jesus Was an Only Son » (« Jésus était fils unique »), centrée sur la Passion. « Springsteen, explique-t-il, recentre la chanson d'une façon intéressante, en éloignant l'attention de Jésus, fils de Dieu, pour s'intéresser à Jésus, fils de Marie. Or, Marie ne se situe pas dans le récit de la rédemption... c'est une mère en deuil. »



Dans une interview au journal de l'Université, Rutgers Today, l'universitaire détaille davantage l'objet de son étude : « Ce qui est intéressant, c'est que Bruce Springsteen fait plus souvent référence à des histoires de l'Ancien Testament que du Nouveau. Et du point de vue littéraire, il replace souvent les figures et récits bibliques dans le paysage américain. Ainsi le narrateur de la chanson ”Adam Raised a Cain” (”Adam a élevé un Caïn”) décrit sa relation avec son père à travers le prisme de l'histoire du premier père et de son fils, une tempête apocalyptique accompagne le passage d'un jeune garçon à l'âge adulte dans ”The Promised Land” (”La terre promise”), et les premiers secours du 11-Septembre s'élèvent vers ”un lieu plus haut” dans les flammes, comme le prophète Elie enlevé au ciel dans un char de feu (”Into The Fire”). En théologie, il me semble que le motif dominant sont la rédemption (…) et la sainteté du quotidien. Bruce Springsteen tente de tirer la puissance des symboles religieux, généralement confinés à une sorte de réalité transcendante, dans le monde dans lequel nous vivons. Et dans ses derniers albums il parle aussi très ouvertement de sa foi. »

Sur la dimension de la sainteté au quotidien, deux chansons du dernier album du « Boss » (« Wrecking Ball », sorti en 2012) sont particulièrement éclairantes : « Rocky Ground » (« Terrain rocailleux »), qui reprend des extraits d'un gospel traditionnel et les mêle à des difficultés de la vie quotidienne contemporaine, et « Land of Hope and Dreams » (« Le pays de l'espoir et des rêves »).


 

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