Reconstruire le Temple ! Les Juifs du monde entier en parlent tous les jours dans la prière. Certaines organisations plus conséquentes ont entamé des préparatifs concrets, notamment en étudiant les lois relatives aux Cohanim, en encourageant la montée sur le Har Habayit ou en fabriquant les ustensiles nécessaires au Service du Temple (liste non exhaustive). Mais « Yeroushalayim Ha-Bnouiah » (« Jérusalem reconstruite ») va encore plus loin que tout ce qui a été fait ou imaginé jusqu’à ce jour…
Selon le reportage publié dans la dernière livraison de Makor Rishon, dont je reprends ci-dessous les éléments essentiels, cette association a en effet entrepris de repenser entièrement la planification de la ville de Jérusalem, autour du Troisième Temple, et de faire de cette nouvelle Jérusalem, le centre véritable de l’Etat juif ! Un projet véritablement révolutionnaire… P.I.L.
« Yoram Ginzburg (55 ans) est un architecte de Jérusalem, Juif non pratiquant, dont le grand-père était maire de Jérusalem entre 1950 et 1953. Ce dernier, Juif observant, n’aurait jamais imaginé, dans ses rêves les plus fous, le projet auquel Ginzburg travaille actuellement. Selon ce projet, Jérusalem s’étendra dans l’avenir sur une superficie de 1000 km2, (superficie équivalente à celle de Paris ou de Londres), comptera 3 millions d’habitants et pourra accueillir 10 millions de visiteurs en même temps ! A la place des mosquées actuelles, elle accueillera en son centre le Temple reconstruit…
Jérusalem-Est et le Mont du Temple ne seront plus la cour arrière de la capitale israélienne, et Jérusalem elle-même ne sera plus le parent pauvre de l’Etat juif. Des torrents d’eau pure (et pas des égouts) dévaleront vers la Mer morte, accomplissant les prophéties de Zacharie et d’Ezéchiel… Ginzburg et son équipe souhaitent réorganiser le pays tout entier, en le recentrant autour de Jérusalem. La ‘région centre’ du pays ne sera alors plus le ‘Goush Dan’, mais Jérusalem et ses alentours, comme l’explique Ginzburg avec conviction.
« Nous ne sommes pas venus ici pour y rester 200 ans, mais pour l’éternité »
« Nous sommes arrivés à la conclusion qu’aussi longtemps que le sionisme s’édifie sur la plaine côtière, comme au temps des croisades, nous ne pourrons pas vraiment devenir les habitants de cette terre. Nous ne voulons pas être une entité croisée… Nous ne sommes pas venus ici pour y rester 200 ans, mais pour l’éternité, et pour cela il faut déplacer le centre de gravité du pays vers le haut, vers la montagne. Cela est d’ailleurs plus conforme avec la géographie… »
L’idée de repenser la planification de Jérusalem est celle d’un ancien combattant du Lehi, Shabtaï Ben Dov, qui l’a développée il y a 42 ans, peu de temps après la réunification de la ville. Ben Dov, qui n’était pas un Juif pratiquant, a pourtant dessiné la Jérusalem future, avec le Temple en son centre. Selon lui, les concepteurs de la Jérusalem moderne (après 1967) ont tourné le dos au mont du Temple et à la Vieille ville, poursuivant ainsi, nolens volens, la politique romaine de déjudaïsation de Jérusalem !
Ben Dov a trouvé un disciple en la personne de Yehuda Etsion, (61 ans), lequel a récemment publié les écrits de Ben Dov. Etsion est connu pour avoir fait partie de la fameuse « Ma’hteret », le réseau juif clandestin qui planifiait de détruire la mosquée d’Omar pour reconstruire le Temple à son emplacement… Après avoir publié l’œuvre de Ben Dov, il a constitué une équipe pour mettre ses idées en application.
L’équipe formée par Etsion comporte aussi le rav Dan Beeri, éducateur bien connu qui est lui aussi un ancien de la Ma’htéret, le rav Itshak Lévi d’Alon Shvout, l’ancien dirigeant de l’Agence juive Shlomo Neeman et encore une demi-douzaine de personnes. « Je me suis joint à ce projet, explique Dan Beeri, en raison de l’importance du concept littéraire-philosophique qui a pour nom utopie. Les utopies ont toujours rempli un rôle essentiel pour promouvoir les idées nouvelles, et certaines font partie du patrimoine de l’humanité… »
A propos d’utopie, Ginzburg et les membres de son équipe ont le sentiment d’être les continuateurs fidèles du Visionnaire de l’Etat, Theodor Herzl, dont le roman utopique Altneuland évoquait la ville de Jérusalem bâtie autour du Temple. Leur projet comporte d’autres éléments utopiques qui peuvent faire penser à Herzl (N.d.T. ou à Jules Verne !), et notamment la construction d’une ville parallèle, la « Jérusalem maritime », qui sera située sur la côte, face à Jérusalem, c’est-à-dire à l’emplacement actuel d’Ashdod. Des trains ultra-rapides relieront les deux villes en moins d’une demi-heure…
La future Jérusalem reconstruite accueillera près de 10 millions de visiteurs pour les trois fêtes de pèlerinage, hébergés dans d’immenses centres d’accueil et chez les habitants de la ville sainte. L’aspect crucial de ce projet – son financement – n’a pas été négligé par ses concepteurs, qui espèrent le trouver auprès de donateurs et de fondations internationales. Tout cela peut certes paraître utopique, comme le fut en son temps le projet de l’Etat juif rêvé par Herzl, mais comme disait le fondateur du sionisme politique : « Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve ! »
(A suivre… dans la 2e partie de ce dossier, nous évoquerons sdv les liens entre l’architecture de la Cour suprême, « temple » laïc de l’Israël moderne, et la franc-maçonnerie. P.I.L).
Arnon Segal, Makor Rishon 4/9/2013, © Pierre Itshak Lurçat pour la traduction française
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