Tombouctou n'en a pas fini avec la guerre. Trois mois après le début de l'opéraiton Serval de la France pour reconquérir le Nord du Mali, la ville mythique de la région s'est faite le théâtre dimanche de "tirs nourris" entre l'armée malienne et des combattants djihadistes qui s'étaient infiltrés dans la cité. Deux d'entre eux ont été tués et quatre militaires maliens blessés. Une unité de militaires français s'est rendue sur place en renfort.
"Nos hommes procèdent depuis dimanche matin à des tirs nourris au centre-ville de Tombouctou à la recherche de jihadistes qui se sont infiltrés à pieds et à moto", a expliqué un officier malien, sans donner davantage de détails sur ces tirs. "Nous contrôlons la situation", a-t-il néanmoins assuré, en indiquant que "les populations (étaient) enfermées chez elles dans les maisons". Des habitants joints par téléphone ont affirmé entendre de nombreux tirs, sans être en mesure d'en déterminer l'origine et les auteurs. "Il n'y a personne dehors. On ne sait vraiment pas qui tire", a témoigné un enseignant de Tombouctou. "Ca tire beaucoup. Nous avons peur", a déclaré un autre habitant.
Un attentat suicide en diversion
Selon une source de l'armée malienne, les djihadistes ont profité d'un attentat suicide commis tard dans la nuit pour tenter de s'infiltrer en moto dans Tombouctou. A bord d'une voiture, le kamikaze s'est tué en actionnant sa ceinture d'explosifs après avoir tenté de forcer un barrage militaire à une des entrées de la ville. Un soldat malien a été blessé.
C'est la deuxième opération du genre en dix jours à Tombouctu. Le 21 mars, une tentative d'incursion d'islamistes avait aussi commencé par l'explosion d'une voiture piégée, avec un kamikaze à son bord. Une dizaine de combattants d'un commando islamiste avaient alors été tués par les forces françaises et maliennes, selon l'état-major de l'armée française. Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord duMali en 2012, avait revendiqué cet attentat à Tombouctou, assurant y avoir "ouvert un autre foyer de conflit".
Comme les autres grands centres du nord du Mali, Tombouctou a été libérée fin janvier par des troupes françaises et maliennes des groupes islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui contrôlaient la région depuis 2012, y commettant exactions et destructions de mausolées. Les combattants djihadistes se sont retranchés dans le massif des Ifoghas (région de Kidal, extrême nord-est), où se concentre depuis plusieurs semaines leur traque conduite par des soldats français et tchadiens.
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