Histoire de la banque

1. La banque dans l'Antiquité
 
On peut faire remonter l'origine de la banque à Babylone, où, dès le IIe millénaire av. J.-C., le prêt sur marchandises (particulièrement les grains) se pratiquait déjà dans l'enceinte des temples. Avec l'apparition de la monnaie, vers le VIIe siècle avant notre ère, les opérations de prêts et de dépôts ont pris un nouvel essor : après s'être exercées dans un cadre religieux, elles relèveront, à l'époque classique, de la compétence de personnages laïcs, les trapézites. Sous l'Empire romain, des banquiers privés, les argentarii, jouent un rôle semblable, mais ajoutant à leurs activités l'avance de fonds pour le compte de leurs clients, moyennant intérêt. Jusqu'au Moyen Âge, les activités de banque ne concerneront essentiellement que des opérations de caisse, le crédit restant rare.
 
 
2. Du Moyen Âge à la Renaissance
 
L'époque médiévale marque l'avènement d'une remarquable expansion du commerce de banque à partir des croisades qui stimulent considérablement les échanges internationaux. À partir du XIe siècle, ce sont principalement les Italiens (la première banque a été créée à Venise en 1151, tandis que Florence devenait une place bancaire de première importance), mais également les Templiers et les Juifs, groupes fortement structurés fonctionnant en réseaux, qui donnent naissance à une activité de banque mieux ordonnée, assise sur la création de nouveaux instruments financiers permettant le développement du crédit et facilitant la circulation de la monnaie.
 
Dès le XIIe siècle, le développement du commerce permet l'apparition de nouvelles techniques bancaires : l'intensification des échanges entre les marchands, principalement italiens, et l'Orient, l'existence de circuits commerciaux reliant l'Europe du Nord — notamment les villes hanséatiques — avec les Flandres, l'Angleterre, la Toscane et la Lombardie, l'importance prise par les foires, entre autres celles qui se tiennent en Champagne et à Lyon, précipitent, pour des raisons de commodité et de sûreté, une profonde mutation des opérations de banque. Pour éviter de transporter des sommes en numéraire, on a recours à la dématérialisation en introduisant les premiers instruments négociables. Ainsi, on utilise la lettre de paiement, puis la lettre de change, plus souple, puisqu'elle se transmet entre créanciers par simple endos, et fonctionne comme un instrument de crédit : le changeur, qui ne réalisait jusqu'alors que des opérations de caisse, devient un véritable banquier.
 
 
3. De la Renaissance au XVIIIe siècle
 
La Renaissance voit la poursuite de l'expansion et de la spécialisation des activités bancaires avec la création de véritables multinationales : les Fugger en Allemagne, les Médicis, les Alberti ou les Strozzi à Florence, ainsi que plusieurs grandes familles génoises, vénitiennes ou milanaises assoient leur puissance politique sur leurs activités financières, favorisées par des innovations telles que le chèque ou la comptabilité en partie double. Dans le même temps, des établissements bancaires comparables à ceux qui existent aujourd'hui, aptes à recevoir des dépôts et à pratiquer la tenue de comptes, font leur apparition, à l'image de la Banco di San Giorgio, à Gênes.
 
La modernisation de l'économie se poursuit à partir du XVIIe siècle, principalement à partir des centres très actifs que sont devenus Londres et Amsterdam, qui font figure de places financières mondiales.
 
À Londres, notamment, l'activité des orfèvres favorise une nouvelle modernisation des techniques bancaires : l'or mis en dépôt chez ces artisans doit, en principe, pouvoir être restitué à son propriétaire. Cependant, dans la mesure ou la quantité d'or retirée par les propriétaires ne correspond, en réalité, qu'à une fraction du dépôt total, les orfèvres sont en mesure de prêter, pour un temps du moins, une partie de cet or contre un billet à ordre.
 
Par la suite, des certificats de papier remboursables en pièces d'or seront mis en circulation à la place de l'or, la création monétaire devenant ainsi liée au développement économique et non plus au volume de métal précieux disponible. Progressivement, la valeur totale de ces billets de banque excédera la valeur de l'or contre lequel ils sont échangeables. Ce système de réserves fractionnaires est resté depuis à la base des systèmes bancaires actuels.
 
4. La banque moderne
 
À partir de la fin du XVIIIe siècle, mais surtout au XIXe siècle — durant lequel se produit la révolution industrielle —, l'essor des banques est favorisé par trois facteurs : le développement de la monnaie fiduciaire (c'est-à-dire les billets), puis de la monnaie scripturale (en compte), ainsi que le développement du financement des entreprises industrielles et commerciales par le biais d'émission de titres, ancêtres des valeurs mobilières.
 
Cette période correspond également à la concentration du système bancaire, avec l'apparition de grands établissements (tels la Société générale et le Crédit Lyonnais en France, la Deutsche Bank en Allemagne, la Barclays Bank en Grande-Bretagne) et, dans tous les pays, les premières tentatives de l'État pour organiser une véritable tutelle du secteur.
 
Au XXe siècle, ce mouvement ne se dément pas, notamment dans le contexte de la crise économique de 1929. En effet, cette dernière impose l'idée que la profession doit faire l'objet d'un contrôle, car les fluctuations de l'activité bancaire sont susceptibles d'avoir un retentissement sur l'ensemble de l'activité économique. Aux États-Unis, par exemple, l'une des premières mesures prises par le président Roosevelt dans le cadre du New Deal sera d'instaurer un cloisonnement strict entre banques d'affaires et banques de dépôts, par le Banking Act de 1933. En France, le gouvernement du général de Gaulle introduit après la Libération, en 1945, une classification des banques et un encadrement de leur activité en créant un Conseil national du crédit. Parallèlement s'opère la nationalisation d'un certain nombre d'établissements de crédit, dont la Banque de France.
 
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les principales modifications ayant affecté le secteur bancaire ont consisté en une considérable expansion de sa clientèle : la possession d'un compte bancaire s'est à peu près généralisée à l'ensemble de la population dans la plupart des pays industrialisés. Dans le même temps, la tendance à la concentration des groupes bancaires s'est affirmée, ceux-ci s'impliquant de plus en plus dans des activités financières, de sorte que l'on assiste à la constitution de pôles réunissant banques et compagnies d'assurances, qui rentabilisent leurs actifs en menant des politiques de participation actives dans le domaine industriel et dans l'immobilier.
 
Soucre: Microsoft encarta 2009

 

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